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PREMIERE VISITE DE YASSER A PARIS

 
 
Express du 28 avril 1984 
 
Douce France 
 
L'annonce de la visite de Yasser Arafat à Paris ne mérite ni les imprécations du Premier ministre israélien, Itzhak Shamir, ni I'excès d'indignation d'une partie de la communauté juive française. Le président de I ‘Organisation de libération de la Palestine a déjà été reçu au Vatican, le 23 décembre 1988, par le pape Jean-Paul II et, le 27 janvier dernier, à Madrid, par le roi Juan Carlos, sans que la Terre cesse de tourner. 
 
 
La seule vraie question posée par cet entretien ave c François Mitterrand est claire: ce geste français a-t-il une chance de faire progresser la paix, ou ne fera-t-il au contraire que renforcer la crédibilité d'Arafat? C'est très exactement l'interrogation modérée d'une Simone Veil, peu suspecte d'hostilité systématique à l'Etat d'Israël 
 
 
L'émotion de la communauté juive de France est compréhensible. Il serait détestable qu'elle fût exploitée à des fins de politique intérieure. Chez nous, les chefs de parti ont souvent une vilaine propension à se déchaîner, lorsqu'ils sont dans l'opposition contre des actions qu'ils approuvaient lors de leur passage au pouvoir. Jacques Chirac, par exemple, qui exprimait récemment son «étonnement» devant l'invitation lancée à Arafat, oublie un peu facilement que c'est «son» ministre des Affaires étrangères Jean Sauvagnargues qui fut le premier chef de la diplomatie occidentale à recevoir l'homme au keffieh, le 21 octobre 1974, à Beyrouth. Evénement qualifié, à l'époque, d' «historique» à Matignon... 
 
 
Il existe à la fois une logique et un risque dans l'action de François Mitterrand. La logique s'inscrit dans le voyage en Israël de mars 1982, et dans le fameux discours prononcé devant la Knesset, où ce très sincère ami du peuple juif, qui brisait un tabou par sa seule présence, exprima solennellement le souhait que les habitants arabes de Cisjordanie et de Gaza pussent un jour disposer d'une patrie. 
 
 
Le risque est celui - d'un dangereux œcuménisme dans l'une des régions les plus convulsives du monde, où la France s'est empêtrée depuis longtemps dans une terrible série de contradictions, à force de faire du Jean Yanne sans le savoir: «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». 
 
 
Comment,ménager la Syrie et défendre l'intégrité du Liban? Livrer des armes à l'Irak et prétendre normaliser ses relations avec l'Iran? Dialoguer avec Israël et assurer «dans l'honneur» I'évacuation des hommes de Yasser Arafat, de Beyrouth; d'abord; puis de Tripoli? On connaît la facture de l'ensemble de ces bons sentiments. 
 
 
La France a assisté sans réagir à l'assassinat de son ambassadeur à Beyrouth, à l'attentat contre ses parachutistes, à la prise en otages de ses ressortissants. Elle a été victime d'actions sanglantes sur son propre territoire. A force de ne pas avoir d'ennemis, elle a été la nation la plus visée par les services secrets syriens, iraniens, Ies Fous de Dieu de tous bords, les extrémistes palestiniens les plus enragés. 
 
 
On comprend les sentiment les profonds manifestants, juifs ou non juifs, qui iront se recueillir demain rue Copernic ou rue des Rosiers, même si les commanditaires de ces tueries étaient probablement des ennemis mortels de l'OLP. Néanmoins, la question posée par la visite d'Arafat est politique, et il faudra juger cette dernière froidement, à l'aune de ses conclusions. 
 
 
Si le président de l'Organisation de libération de la Palestine en tire un simple succès médiatique, sans franchir aucun pas nouveau, il se sera simplement agi de diplomatie-spectacle, inutile et dangereuse. Si l'Elysée obtient d'Arafat quelques explications sur la position de sa centrale au sujet du plan Shamir d'élections dans les territoires occupés, le bilan sera positif. Le gouvernement israélien lui-même, malgré ses hurlements de principe, demandera très vite à être informé. Pessimisme? Optimisme? Attendons les résultats de cette «première». Mais la douce France doit savoir que le geste n'est pas innocent et que la provocation envers la Syrie est aussi grave que le soutien affiché aux chrétiens du Liban. Ménager la chèvre et le chou est plus que jamais impossible au Proche-Orient. 
 
Sources : Lien vers http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/palestine/dossier.asp?ida=420273>
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Modifié en dernier lieu le 13.11.2004
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